État et entreprises, victimes des médias sociaux : au-delà des préjugés

Le 23 avril, le président du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval, y allait d’une charge à fond de train contre les médias sociaux et les jeunes qui, selon lui, s’informent auprès de sources peu rigoureuses. On peut lire dans L’État et les entreprises sont victimes des médias sociaux :

Il n’y a pas si longtemps, tous les grands débats de société se tenaient principalement dans des journaux, des postes de radio et des chaînes de télévision, a rappelé M. Dorval. Ces médias étaient soumis à des règles professionnelles et juridiques visant à assurer la rigueur, l’équilibre et la véracité des informations rapportées.

L’arrivée d’Internet a amené l’explosion de médias sociaux où l’information se fait plus personnalisée, mais aussi beaucoup moins objective, rigoureuse et fiable, estime-t-il. Or une proportion grandissante de la population — particulièrement chez les 35 ans et moins — s’informe désormais principalement auprès de ces médias. Cette évolution pose un problème particulier aux gouvernements et aux entreprises qui sont soumis à des règles très strictes de communication.

Réalité ou préjugé ? Pour en avoir le coeur net, j’ai analysé les statuts de six de mes ami(e)s Facebook âgé(e)s de moins de 35 ans : une femme de 21 ans et deux de 29 ans ainsi que trois hommes âgés respectivement de 21, 29 et 34 ans. Aucune ne milite activement dans un mouvement étudiant.

Facebook et la crise étudiante

Du 1er janvier au 28 avril, elles ont publié 411 statuts dont 84 (20 %) portaient sur la crise étudiante. Et bien, n’en déplaise à monsieur Dorval, 43 % de leurs statuts avaient comme sources un média traditionnel ; Cyberpresse étant le plus cité avec 19 statuts suivi de Radio-Canada avec 7, Le Devoir avec 5, Châteleine, un hebdo régional, Global, le Journal de Montréal et L’Actualité avec un chacun. Qui plus est, 10 statuts provenaient de communiqués de l’IRIS, de l’Assemblée nationale et du gouvernement ! Autrement dit, 55 % de leurs interventions reposaient sur des sources qualifiées de “rigoureuses et crédibles” par le président du Conseil du patronat du Québec. Pas mal pour des jeunes mal informé(e)s et incapables d’exercer un jugement critique.

Les 25 statuts identifiés comme “Individus” regroupent les sources “moins objectives et fiables” : blogues ou clips personnels, “mèmes”, médias Internet : 30 % ! Enfin, ces personnes ont publié 13 statuts dans lesquels elles font part de leurs opinions qui, ma foi, d’après la très discutable analyse de monsieur Dorval, reposent bien sur des sources “crédibles”.

P.S.: Non il ne s’agit pas d’une étude scientifique mais je soumets respectueusement qu’elle est un “tantinet” plus rigoureuse. Ce que monsieur Dorval déplore, c’est que le message de l’État et des entreprises passe mal dans les médias sociaux. Le fautif, c’est peut-être le message lui-même ?

 

 

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