Jusqu’à la fin de semaine du 24 octobre 2009, la population était divisée quant à l’importance de se faire vacciner contre le H1N1. Le 28 octobre, le Journal de Montréal titre “Grippe A : les policiers interviennent“. Qu’est-il arrivé pendant ces quatre jours ?
Le 25 octobre, une jeune fille de 12 ans décède du H1N1 au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario. Le lendemain, La Presse nous apprenait “La mort d’un adolescent en bonne santé qui avait contracté la grippe A (H1N1) non loin de Toronto lundi, s’est produite sans avertissement et devrait servir de leçon aux parents…”. Et enfin le 28 octobre, Le Quotidien révèle que dix cas de grippe auraient été signalés dans les écoles primaires de la commission scolaire de La Jonquière.
Comment se fait-il qu’en moins de quatre jours, l’attitude de la population soit passée de “Est-ce qu’il faut que je fasse vacciner mon enfant ?” à “Je veux qu’il soit vacciné immédiatement”. Le virus n’était pas plus dangereux avant le 24 octobre qu’après mais ce qui avait changé, c’était la perception du danger.
Dans Crisis Emergency and Risk Communication, les auteurs identifient les facteurs qui influencent la perception du risque. Et l’un de ces facteurs concerne justement les enfants : un risque qui touche les adultes est perçu comme moins dangereux que s’il touchait des enfants. Un risque est donc plus facilement accepté lorsque :
- on décide de le courir (volontaire) au lieu de se le faire imposer (involontaire) ;
- on peut le gérer au lieu de faire confiance à d’autres pour le gérer ;
- on est habitué à ce risque au lieu de faire face pour la première fois à ce type de risque ;
- le risque est causé par la nature au lieu d’être le résultat d’une intervention humaine ;
- les effets sont temporaires au lieu d’être permanents ;
- le risque est exprimé en valeur statistique au lieu de prendre la forme d’un véritable cas ;
- le risque est endémique (réparti dans le temps) au lieu d’être pandémique ;
- le risque touche tout le monde au lieu d’affecter un groupe précis de la population ;
- le risque est causé par une organisation jugée digne de foi au lieu d’une organisation jugée moins crédible ;
- les bénéfices de courir le risque ou les façons de se protéger sont bien compris au lieu d’être mal compris.